Huile de beauté : Interview de Béatrice Dubois

Pourquoi avoir fait le choix des huiles naturelles pour votre gamme ?

Ayant vécu à Grasse auprès d’une grand-mère qui m’a enseigné le respect de la nature et les recettes de beauté à base de plantes, j’ai toujours été sensible aux huiles végétales. Mais c’est après avoir fait le constat qu’il y avait de plus en plus d’allergies et de problèmes de santé autour de moi, que j’ai commencé à réfléchir à l’élaboration d’une gamme de soins, à partir d’ingrédients bio et bons pour la santé. Dans ce contexte, c’était une évidence d’utiliser les huiles végétales : elles ne contiennent pas de métaux lourds, uniquement du carbone, de l’hydrogène et de l’oxygène.

Elles sont utilisées depuis des millénaires. En quoi incarnent- elles la modernité ?

Les huiles naturelles ont en effet une très longue histoire derrière elles puisque l’on retrouve les premières traces de leur utilisation dans les soins de beauté, 7000 ans avant JC. Dans chaque contrée, les femmes utilisaient les ressources locales pour soigner leur peau, l’argan au Maroc, l’huile de coco en Polynésie... Cela a permis de répertorier des huiles des quatre coins du monde.

Si elles sont si intéressantes pour la cosmétologie actuelle, c’est parce que l’efficacité que l’on pressentait depuis des siècles est désormais une réalité scientifique. Les huiles sont un véritable «or végétal» grâce à leur richesse en acides gras poly-insaturés, dont trois en particulier : les Oméga 3, Omega 6 et Oméga 9. Les deux premiers ne sont pas synthétisés par notre organisme mais ils sont essentiels à notre équilibre, notamment celui de la peau. Dans la couche cornée, les cellules sont reliées entre elles par ces fameux acides gras, qui assurent la cohésion, la plasticité et la bonne résistance de l’épiderme aux agressions.

L’autre atout des huiles végétales, c’est qu’elles n’ont pas besoin de conservateurs car elles ne se contaminent pas. Elles peuvent juste s’oxyder à la lumière, à la chaleur et à l’oxygène, un inconvénient que l’on évite aisément en les enfermant dans des flacons hermétiques et qui ne laissent pas passer la lumière, et en les conservant loin des sources de chaleur. Le fait d’avoir des formules très simples, auxquelles on n’ajoute pas de substances qui peuvent être irritantes, est un vrai plus, à l’heure où les into- lérances et les allergies se multiplient.

Existe-t-il des huiles «star» en cosmétique ?

On ne peut pas dire qu’il y ait des huiles plus intéressantes que d’autres même s’il existe des phénomènes de mode qui relancent de temps à autre une huile en particulier. Elles ont toutes des atouts et la vraie nouveauté aujourd’hui, c’est de les mixer. En effet, les huiles sont composés de 98 % d’acides gras et de 1 à 2 % d’insaponifiables, de vitamines (A,E,C,K), de minéraux, d’enzymes et de colorants. Mais chacune a sa propre composition, d’où l’intérêt de les combiner à la fois pour obtenir un maximum d’efficacité mais aussi pouvoir traiter différents types de peau. Le vrai savoir-faire c’est de rechercher le bon équilibre et obtenir un soin qui sera un vrai plaisir à l’utilisation, contrairement à certaines formules ancestrales, jugées trop lourdes.

Justement, peut-on soigner toutes les peaux avec les huiles naturelles?

Grâce à ce travail de «mix», on peut tout à fait obtenir des soins pour toutes les peaux, mêmes mixtes et grasses, car certaines huiles, comme l’huile de nigelle (cumin noir) associées à des huiles essentielles, sont purifiantes et ont la capacité de réguler le fonctionnement des glandes sébacées. Cho Nature a même mis au point un soin pour le contour des yeux, composé de quatre huiles végétales et deux huiles essentielles.

Proposer des soins à base d’huiles naturelles, est-ce un atout pour les instituts ?

La demande du bio et du «plus naturel possible» augmente jour après jour depuis quelques années dans tous les domaines, celui de la santé et de la nutrition, comme de la beauté et du bien-être. Proposer des soins en cabine qui intègrent des huiles végétales va donc tout à fait dans le bon sens. Par ailleurs, ce sont forcément des soins haut de gamme car les huiles de qualité, naturelles ou essentielles, font partie des matières premières les plus chères sur le marché. Pour conserver toutes leurs propriétés, les huiles végétales ont besoin d’être récoltées avec beaucoup de soin, elles doivent aussi être issues d’une première pression à froid. En contre partie, face au prix élevé des ingrédients et qui se répercute au final sur les soins, il y a un argument qualitatif essentiel à faire valoir : une huile de beauté offre à la peau 100 % d’actifs car elle ne contient pas une goutte d’eau, contrairement à bien d’autres formules.

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